L’ADEME : l’appui de l’État dans la transition énergétique
Caroline Rantien, directrice et Clément Dérouineau, chargé de mission « Énergie », à l’ADEME.
L’ADEME, Agence Nationale de la Transition Énergétique, est l’un des acteurs majeurs de la révolution énergétique que nous sommes en train de vivre. C’est véritablement le bras armé de l’État et un acteur incontournable. L’Agence intervient partout en France et donc en Nouvelle-Calédonie.
L’ADEME est un EPIC, un établissement public à caractère industriel et commercial. 1 000 personnes y travaillent, 50 % au siège et dans les services centraux et les 50 autres pourcents en région, à savoir dans les 13 régions de métropole et en outre-mer. L’ADEME est présente dans le Pacifique, au travers de deux représentations en Nouvelle-Calédonie (en collaboration avec Wallis et Futuna) et en Polynésie. Trois personnes travaillent à l’ADEME sur le territoire, dont deux chargés de mission, l’un pour l’énergie et le second pour les déchets.
Dans l’ADN de l’ADEME, explique en effet Caroline Rantien sa directrice, nous avons deux sujets principaux que sont les déchets et l’énergie. Nous travaillons sur la maîtrise de l’énergie et sur la prévention, la gestion, la valorisation et le recyclage des déchets et la mise en place d’une économie circulaire. En Nouvelle-Calédonie, nous travaillons principalement sur ces deux sujets. » La représentation de l’agence à Nouméa bénéficie évidemment de l’appui de l’ADEME nationale. « L’ADEME, précise Caroline Rantien, a défini une stratégie outre-mer et nous échangeons avec nos collègues sur nos retours d’expérience, sur nos problématiques et sur les actions que nous pouvons proposer aux acteurs de la transition énergétique. » La représentation de l’Agence en Nouvelle-Calédonie bénéficie ainsi du réseau d’ingénieurs de l’ADEME.
Un travail en partenariat
L’ADEME intervient en aide aux études et aux investissements auprès des collectivités, des entreprises et des associations. Elle travaille notamment avec les institutions dont elle est un partenaire essentiel. « Nous intervenons en partenariat avec les trois provinces, compétentes en termes d’environnement, pour les accompagner dans la mise en œuvre de leurs projets, explique Caroline Rantien. Par ailleurs, la Nouvelle-Calédonie est compétente en termes d’énergie, nous avons donc historiquement un partenariat avec le gouvernement. Mais depuis 2017 et la création de l’ACE, nous avons modifié notre partenariat pour travailler directement avec l’ACE. » Ce partenariat s’exprime au sein d’un comité de gestion où chacun des partenaires s’accorde sur les projets à mettre en avant et à soutenir.
« Nous avons des conventions avec les trois provinces et l’Agence Calédonienne de l’Énergie, précise-t-elle. Avec nos partenaires, nous allons décider ensemble des projets que nous voulons cofinancer. L’ADEME ne verse pas de subventions directement. C’est le partenaire qui finance l’aide auprès du bénéficiaire et nous le remboursons. » Ce partenariat fort permet à de très nombreux projets de voir le jour. « Avec l’ACE, confie ainsi Caroline Rantien, nous menons une action sur l’éclairage public. L’idée est de mener une réflexion avec les communes sur l’amélioration de leur éclairage public. Nous sommes en phase de diagnostic avec huit communes qui participent à cette opération. Nous avons aussi aidé une entreprise de la filière bois à valoriser les sous-produits issus du bois et ses déchets. Ils sont brûlés et produisent donc de la chaleur qui va être utilisée ensuite par l’entreprise pour sécher ses bois. C’est une utilisation intégrée de la ressource. Nous prévoyons de l’accompagner – les discussions sont en cours – sur la phase d’investissement. »
Des projets en propre
« Nous avons la possibilité d’intervenir en propre sur des sujets qui nous semblent importants, précise Caroline Rantien. Ainsi l’an dernier et en partenariat avec l’AFD, Agence Française de Développement, nous avons lancé une étude sur la situation des déchets à l’échelon intercommunal. Nous avons fait un diagnostic dans l’ensemble des 33 communes calédoniennes. De même avec l’AFD et WWF, nous avons lancé une étude qui vise à identifier les filières économiques qui ne dégradent pas le capital naturel, dans une perspective de trouver des alternatives à la mine et au nickel. L’idée est de mettre en lumière des choses qui se font déjà pour permettre d’aller plus loin. »
L’ADEME a travaillé également sur l’installation solaire sur le Médipôle. Sur les toits de l’établissements 800 m2 de capteurs solaires ont été posés et alimentent en eau chaude sanitaire toutes les chambres de l’hôpital. « C’est une réalisation emblématique, se félicite Caroline Rantien, l’ADEME a financé les études et l’installation à hauteur de 96 millions de francs CFP. » De plus, rappelons que l’ADEME coordonne en Nouvelle-Calédonie la semaine de la mobilité et la semaine de réduction des déchets, deux opérations menées au niveau européen. « Ce sont deux évènements phares dans lesquels nous sommes très engagés. Les acteurs calédoniens y sont très sensibilisés, l’année dernière nous avons recensé 130 actions calédoniennes pour la semaine européenne de réduction des déchets. »
Impulser des dynamiques
Le budget de l’ADEME pour la Nouvelle-Calédonie représente annuellement environ 240 millions de francs CFP, sur les deux thématiques des déchets et de l’énergie. « En 2019, conclut Caroline Rantien, nous avons accompagné 108 projets en Nouvelle-Calédonie et alloué 280 millions de francs. Cela a bénéficié à 50 % aux collectivités, 11 % aux entreprises et 30 % aux chambres consulaires. La phase d’étude est indispensable, mais le but, et c’est le discours que tiennent le président et le directeur de l’ACE, est de passer à l’action. Il faut transformer l’essai, de l’étude à l’investissement. Nous impulsons donc des dynamiques auprès des acteurs privés ou publics et ce qui est passionnant c’est de contribuer à une grande diversité de projets. »