EEN : « Notre rôle est d’ouvrir des voies »
Nicolas Cazé. Directeur d’Enercal Énergies Nouvelles
Enercal, née dans les énergies renouvelables avec la construction et l’exploitation du barrage de Yaté, et déjà très engagée dans la transition énergétique, a pris un nouveau virage en 2014 avec la création d’une filiale dédiée aux projets et aux énergies renouvelables. EEN, Enercal Énergies Nouvelles, a pour objectif de conduire des projets innovants. Rencontre avec son directeur, Nicolas Cazé.
Nicolas Cazé revendique une sensibilité environnementale et industrielle, via sa formation d’ingénieur Centralien et d’ingénieur civil des Eaux et Forêts, et par son expérience de travail pendant dix ans dans un bureau d’études sur le développement de projets industriels et d’études environnementales. Il est à la tête d’EEN, une équipe de six personnes, destinée à s’étoffer, et dont l’objectif est d’accompagner la transition énergétique. La création d’EEN répond à une volonté d’Enercal de disposer d’une entité autonome dans le but de créer des projets innovants. « Enercal Énergies Nouvelles est une société gérée de manière autonome, il ne s’agit pas d’un service d’Enercal, explique Nicolas Cazé, l’équipe est constituée d’agents employés directement par Enercal Énergies Nouvelles. Nous intervenons au même titre que les producteurs indépendants d’énergie, dans le cadre de la transition énergétique. »
Des projets innovants au service du développement durable du territoire
« Ce qui nous motive, explique Nicolas Cazé, c’est l’innovation » et en ce sens, EEN a œuvré dans des directions parfois bien différentes, « mais, ajoute le directeur d’EEN, nous menons des projets innovants, utiles pour le réseau et qui s’intègrent parfaitement au système électrique. » Parmi ces projets, on peut citer le projet agri-solaire de Focola, une première dans le Pacifique qui mixe agriculture et production photovoltaïque pour valoriser le foncier et viser aussi l’autonomie alimentaire, ou la première centrale photovoltaïque avec stockage créée à Ouatom.
« Cela nous a permis, souligne Nicolas Cazé, d’expérimenter en réel le fonctionnement d’un tel système, d’acquérir de l’expérience et des données sur tout ce qui est utilisation de l’énergie, consommation et performance des batteries. » EEN travaille sur toutes les énergies, elle conduit ainsi un projet de biogaz sur le site d’enfouissement de déchets de Gadji à Païta en association avec Winéo.
Priorité aux partenariats
EEN noue des partenariats, et notamment avec les populations concernées. « Un tiers de notre temps est passé à la concertation et à l’échange, explique Nicolas Cazé. Nous développons des projets là où il y a une demande locale. C’est aussi une des particularités d’EEN de toujours nous associer aux acteurs locaux, privés ou publics, et bien sûr aux populations, au travers notamment des GDPL. »
La relance de la filière Hydroélectrique
Un des projets majeurs développé par EEN, en association avec la province Nord, se situe à Pouébo. « Notre rôle est d’ouvrir des voies, explique Nicolas Cazé. Ainsi nous sommes en train de finir la construction d’un projet d’hydroélectricité sur la Côte Est, à Pouébo. L’hydroélectricité est inscrite dans l’histoire d’Enercal avec Yaté et les centrales de la cote Est, mais aucun projet n’avait été construit depuis 30 ans. Dans la PPI (programmation pluri-annuelle des investissements) il y a du photovoltaïque parce que cela devient de plus en plus facile à faire et moins cher, mais pour le réseau il ne faut pas que cela.
Donc nous avons relancé la filière hydroélectrique. C’est plus compliqué, cela demande de la concertation et des études environnementales approfondies. Ce sont aussi des projets sur le long terme, construits pour 50 ans, rentables au bout de 25 ans, ce qui fait qu’ils sont sans doute moins intéressants pour des sociétés avec des actionnaires uniquement privés. Pourtant ce sont des projets qui assurent une énergie prévisible et stable, intéressante pour le bon fonctionnement des réseaux et la possibilité de livrer plus régulièrement des énergies renouvelables aux Calédoniens. Mais notre ADN c’est d’aller chercher des projets qui sont plus difficiles à monter. »
L’étude de grands projets de production
EEN a également déposé une offre pour la réalisation d’une centrale électrique solaire à Népoui dans le contexte du futur arrêt de la centrale Jacques Iekawé, un projet qui comporte un fort volet social. « Enercal, souligne le directeur d’EEN, doit replacer les agents de Népoui qui y travaillent, soit sur d’autres sites, soit dans d’autres activités basées dans le Nord. Dans le projet que nous avons proposé, il y a un volet de reprise d’agents Enercal. »