Carole Antoine, ingénieure énergie : « avoir un métier qui ait du sens »
Carole Antoine est riche d’un parcours professionnel qui l’a conduite de l’automobile à l’énergie en passant par la mine, dans le privé comme dans le public. En France, en Angleterre et en Belgique, elle a travaillé pour différents constructeurs automobiles et équipementiers. Souhaitant rejoindre l’Australie, elle arrive finalement chez Vale puis, intéressée par tout ce qui touche au développement durable, intègre la DIMENC, Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie de Nouvelle-Calédonie, où elle travaille entre autres sur le photovoltaïque, mais aussi sur le calcul des tarifs publics de l’électricité et la réglementation électrique. Elle tient une part active dans l’élaboration des textes qui ont permis l’essor du photovoltaïque sur le territoire.
Trois questions à …
En quoi consiste votre travail au sein de l’agence ?
Carole Antoine : Ma spécialité a trait à tout ce qui touche au système électrique. Du fait de mon expérience à la DIMENC, de ma connaissance des textes réglementaires et du système tarifaire, j’agis plus facilement sur les sujets en lien avec le réseau électrique. Il peut s’agir de projets favorisant l’insertion des énergies renouvelables dans le mix électrique, notamment les projets visant le pilotage de la demande en électricité pour limiter les impacts de leur intermittence sur la gestion de l’équilibre offre/demande, et de manière générale les projets en lien avec les énergies renouvelables, y compris non électriques (solaire thermique, biogaz…). Nous fonctionnons en mode projet, que les projets soient portés directement par l’ACE ou initiés par un tiers qui sollicite une aide au financement. Cela comprend une multitude d’activités : recueillir les besoins, élaborer des cahiers des charges, réaliser des consultations, apporter du conseil ou de l’expertise, contractualiser et suivre des projets, diffuser les retours d’expérience et les bonnes pratiques…
En quoi vous sentez-vous investie dans l’action de l’ACE ?
C. A. : Mon travail s’inscrit dans la continuité de ce que j’ai fait à la DIMENC, mais je cherchais à être davantage dans l’opérationnel, dans un cadre plus souple et plus innovant. J’ai commencé dans l’automobile, chez Renault. Un secteur très formateur mais qui interrogeait mon éthique : toujours plus de pression sur les fournisseurs et de délocalisations pour réduire les coûts. J’ai donc rapidement voulu changer d’orientation. J’avais aussi la bougeotte et mes pérégrinations m’ont menées en Nouvelle-Calédonie où, après un passage dans l’industrie métallurgique, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’administration calédonienne pour œuvrer pour la transition énergétique du territoire. Au travers de mon implication au sein de l’agence et de l’accompagnement des acteurs du territoire vers des pratiques durables, je cherche à avoir un métier qui ait du sens.
Quelles sont vos priorités en termes de transition énergétique ?
C. A. : Il est évident que ce qui m’a motivée à rejoindre ce secteur, c’est d’améliorer les choses, d’aller vers un monde plus durable, dans tous les sens du terme. Et il y a ici des enjeux forts et pas seulement sur le plan environnemental. J’ai clairement opté pour l’ACE pour faire bouger les lignes et contribuer à l’intelligence collective nécessaire pour répondre aux défis sociétaux auxquels le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources vont de plus en plus nous confronter.
Son dossier phare actuel :
« En Nouvelle-Calédonie, les chauffe-eaux solaires constituent la solution la plus économique et écologique, sur le long terme, pour produire de l’eau chaude pour les ménages. Sauf que cela représente un surcoût qui freine les ménages à l’achat. L’idée est de mettre en place un dispositif avec un système de prêt à taux zéro ou proche de zéro, mais beaucoup plus simple, surtout pour les ménages les plus modestes ou qui ont des difficultés pour accéder au crédit. Le but est que les mensualités de remboursement soient à peu près équivalentes à l’économie générée sur la facture d’électricité quand le chauffe-eau solaire se substitue à un cumulus. Du coup, en termes de dépenses mensuelles des ménages, ça ne changerait rien, ça serait transparent et au bout de cinq à sept ans leur chauffe-eau serait amorti. Nous travaillons sur ce projet avec l’Agence française de développement et les gestionnaires de réseau ENERCAL et EEC. »