Enercal : « Notre volonté était de ne pas rajouter une crise à la crise »

Le confinement décrété pour lutter contre l’épidémie de coronavirus a des impacts directs sur la consommation d’électricité. Mais comment les producteurs et distributeurs d’électricité, secteur essentiel pour la Nouvelle-Calédonie, ont-ils passé cette période ? Nous avons fait le point avec Jean-Gabriel Faget, directeur général d’Enercal.

 
La fermeture d’un grand nombre d’établissements, et l’arrêt de nombreuses activités économiques du fait du confinement, a provoqué une baisse de la consommation. Quel a été l’ordre de grandeur de cette baisse ?

Portrait de Jean-Gabriel Faget Enercal

Jean-Gabriel Faget – directeur général d’Enercal

Jean-Gabriel Faget : On a noté pendant trois semaines au moins, une baisse de 25 % de la consommation. La dernière semaine de confinement montrait déjà des signes de reprise. La baisse a été brutale, puis elle s’est stabilisée avant qu’elle ne reprenne avant la fin du confinement. Nous n’avons pas retrouvé tout de suite les niveaux de consommation d’avant la crise du fait que les établissements scolaires avaient rouvert partiellement. Par ailleurs, nous ne sommes pas tout à fait revenus aux consommations d’avant crise parce que, dans l’intervalle, nous sommes entrés dans la saison fraîche. Il y a en effet une saisonnalité des consommations liée aux températures.

Les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs d’aide aux particuliers et aux entreprises et dans lesquels Enercal s’était inscrit, avez-vous noté que l’on a recours à ces dispositifs ?

J.-G. F. : À l’évidence, on y a eu recours dans des proportions moindres que ce que l’on aurait pu imaginer. On a l’impression qu’il y a moins d’impact que ce que l’on aurait pu craindre ou que certaines déclarations faites à chaud pouvaient laisser penser. On n’a pas eu une avalanche de cessations de paiement. Ça ne s’est pas produit. Il y a eu un décalage des règlements pour des raisons matérielles parce que, si nos accueils sont restés ouverts pendant toute cette période, nous ne manipulions plus d’espèces, donc les gens qui n’ont que ce moyen de paiement étaient presque empêchés de pouvoir payer. Mais les choses sont relativement vite rentrées dans l’ordre. Un mois après le confinement, nous avons retrouvé les flux habituels et les niveaux d’encaissement.

Environ 30 % des agents d’Enercal ont eu recours au télétravail, comment cette expérience a-t-elle été vécue dans l’entreprise ?

J.-G. F. : Nous avons pu mettre en place le télétravail dans des délais très courts. En moins de deux jours, notre service informatique a fait en sorte que 120 personnes puissent travailler à distance. Matériellement, notre infrastructure était dimensionnée pour, et on a pu ouvrir des canaux sécurisés supplémentaires. Là où il a fallu s’adapter en effet, c’est à domicile où chacun a dû trouver des conditions de travail optimales, ce qui n’a pas toujours été simple pour ceux qui avaient de jeunes enfants à la maison par exemple. Le télétravail demande d’être bien installé, dans une salle dédiée et ne pas avoir à gérer d’autres contraintes.

Comme nous sommes passés d’un seul coup au télétravail à temps plein, certains s’en sont parfaitement accommodés et d’autres ont constaté des difficultés à gérer en parallèle au travail, une vie de famille dans un contexte particulier, puisqu’il n’y avait pas d’école. Cela a permis néanmoins d’expérimenter des modalités et l’on est en train de réfléchir à une forme de pérennisation partielle de ce système pour certains de nos métiers.

agence enercal

Agence Enercal de Ouégoa

Malgré le confinement, Enercal voulait maintenir ses chantiers afin de ne pas pénaliser sa sous-traitance, avez-vous pu maintenir cette ambition ?

J.-G. F. : Oui. Avec le tissu local, les entreprises de proximité, ça s’est plutôt bien passé. Nous n’avons pas été une source de ralentissement pour ceux qui pouvaient travailler. On a pu continuer à alimenter les prestataires locaux sans discontinuer. Sur certains chantiers, ça a demandé des précautions et dans d’autres, pour limiter les craintes liées à une éventuelle diffusion du virus, ces chantiers ont été arrêtés par toutes les parties prenantes. Nous avons pris en compte la sensibilité des populations locales. Ça s’est grippé en revanche avec les prestataires extérieurs à la Nouvelle-Calédonie en raison de la fermeture des frontières. Mais notre volonté était de ne pas rajouter une crise à la crise en ralentissant notre capacité de donneur d’ordre.

Comment avez-vous vécu le déconfinement ?

J.-G. F. : Ça s’est passé beaucoup plus facilement que ce que l’on a pu constater en métropole où le retour au bureau est parfois lent. En suivant les recommandations des autorités sanitaires et des pouvoirs publics, nous avons maintenu transitoirement les mesures de prévention. Nous les avons allégés progressivement. Et cela parce qu’on considère que parmi toutes les mesures spécifiques au Covid, il y en a qui relèvent de bonnes pratiques d’hygiène. On est donc sorti en douceur pour que certaines pratiques subsistent.