Une première en Calédonie : produire de l’électricité avec des déchets à Gadji
Une première en Calédonie : produire de l’électricité avec des déchets à Gadji
Gadji à Païta, c’est l’installation de stockage des déchets (ISD). C’est là que convergent tous les déchets verts et ménagers de l’agglomération, aux environs de 150 000 tonnes par an. Un projet de valorisation de ces déchets est en train de voir le jour qui consiste à produire de l’électricité. Explications…
Autrefois, ces déchets étaient envoyés à Ducos et les plus anciens se souviennent de cette montagne qui surmontait la voie rapide à l’entrée de Nouméa. Le site est aujourd’hui fermé, il a même été lui aussi valorisé puisqu’au sommet de cette montagne de déchets se trouve une centrale photovoltaïque de 1 mégawatt, la plus grande centrale au sol au cœur de Nouméa. À Gadji, le projet consiste à faire de l’électricité avec du gaz.
Faire de l’électricité avec des déchets
Le projet de Gadji mis en œuvre par Winéo est le fruit d’un partenariat avec Enercal Énergies Nouvelles, le SIGN propriétaire du terrain, la CSP exploitant du site d’enfouissement, et les groupes Véolia, Clarke Energy pour l’assistance aux études, au montage et au chiffrage. Techniquement comment cela va-t-il se passer ? « L’ISD de Gadji, explique le gérant de Winéo Philippe Scornet, traite tous les types de déchets, sauf les déchets dangereux. Les déchets ménagers génèrent du gaz lorsqu’ils sont enfouis. Réglementairement, ce gaz doit être capté, ce qui est le cas sur le site, et brûlé. Mais ce gaz contient une part de méthane qui permet de faire fonctionner des moteurs.
Alors plutôt que de brûler ce gaz, le but est de le récupérer, d’en extraire le méthane et de faire tourner un moteur pour une valorisation électrique. En règle générale, c’est ce qui se passe sur tous les sites du même genre correctement exploités, mais c’est la première fois ici sur le territoire. » Le projet n’est pas encore en phase de travaux.
« Nous avons eu l’autorisation du gouvernement et nous sommes en cours de création de la société Gadji Énergie ( 51 % Enercal Énergies nouvelles et 49 % Winéo) qui va porter les investissements et exploiter la centrale pendant 25 ans, délai fixé par l’autorisation du gouvernement. Nous sommes encore en phase de consultation des entreprises en vue d’avoir une offre définitive clé en main ce qui prend un peu de temps, plus encore avec le confinement. Nous avons fixé à août 2021 le début de l’exploitation, sachant qu’aujourd’hui nous avons la quantité de gaz nécessaire pour faire tourner une unité d’un mégawatt avec une extension possible d’un mégawatt supplémentaire. »
Un projet exemplaire
« À la différence du solaire et du vent, souligne Philippe Scornet, le biogaz est produit toute l’année qu’il pleuve ou qu’il vente. On peut donc considérer que ça n’est pas une énergie intermittente, mais qu’elle est garantie. Sur l’année, une production biogaz d’un mégawatt équivaut à la production d’une centrale photovoltaïque de 5,5 mégawatts. »
Ce projet d’un coût d’environ 250 millions de francs CFP permet une exploitation en continu. Avec un moteur pouvant fonctionner plus de 8 000 heures par an à pleine puissance.
« Le biogaz, explique le gérant de Winéo, va entrer dans une unité de traitement qui va le traiter, en éliminer l’eau, le débarrasser de ses impuretés et des polluants. Il est ensuite injecté dans un moteur qui, au lieu de fonctionner à l’essence, marche au gaz, sachant que pour cela il faut un volume de 40 à 50 % de méthane dans le biogaz que l’on absorbe. Ce moteur entraîne un alternateur qui produit de l’électricité qui est ensuite injectée dans le réseau général de distribution Enercal. »
Si cette technique est utilisée un peu partout dans le monde, il s’agira bien d’une première en Nouvelle-Calédonie qui ouvre des horizons. « Le projet est exemplaire en termes d’économie circulaire, se félicite Philippe Scornet gérant de Winéo, en ce qu’il permet une valorisation des déchets enfouis et du gaz qu’ils produisent.
Winéo, une entreprise calédonienne
« Winéo est une société calédonienne qui monte des projets calédoniens avec des partenariats calédoniens », assure Philippe Scornet. La société existe depuis 2017, elle est spécialisée dans le développement de projets d’énergie renouvelable, plus précisément de projets photovoltaïques. Elle a d’ailleurs construit, développé et mis en exploitation deux fermes à Moindou et travaille maintenant en partenariat avec Urbasolar, spécialiste français dans le photovoltaïque.
Dans un secteur de haute technologie et où les investissements sont importants, Winéo fait face à de grands groupes. « Le nerf de la guerre, explique ainsi Philippe Scornet, c’est le prix de vente de l’énergie et chaque projet a son tarif, il faut donc être compétitif. Pour faire un tarif bas, il faut pouvoir acheter le matériel au meilleur prix, et construire rapidement et à moindre coût, d’où la prééminence des groupes internationaux. » Mais dans le paysage calédonien, Winéo tient toute sa place