Transition énergétique en Nouvelle-Calédonie : la France intéressée
Membre du gouvernement en charge de la Transition Énergétique et président de l’Agence Calédonienne de l’Energie, Christopher Gygès rentre d’une semaine de mission à Paris.
Un séjour studieux au cours duquel, Christopher Gygès s’est entretenu entre autres avec la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher et son collègue de l’Outremer, Jean-François Carenco, les conseillers outre-mer du président de la République et de la première Ministre, le conseiller énergie d’Elizabeth Borne, la présidente de la commission de régulation de l’énergie, la Directrice de cabinet de Gérald Darmanin, et les patrons de l’Agence Française de Développement (AFD) et de la Caisse des Dépôts. Christopher Gygès est revenu pour nous sur la teneur de ces entretiens.
Quel était l’objet de votre mission ?
Il s’agissait tout d’abord de présenter l’état d’avancement de la révision du Schéma de Transition Énergétique de la Nouvelle-Calédonie, le STENC. Mais je souhaitais également présenter notre plan qui, comme vous le savez repose sur trois piliers : la production des Énergies renouvelable, c’est-à-dire les ENR, tout ce qui a trait au stockage et à la partie thermique.
Quel regard porte l’État sur ce qui a déjà été fait en Nouvelle-Calédonie en matière de transition énergétique ?
C’est un regard extrêmement favorable. Il faut rappeler que nous avons autorisé cette année 340 MW, ce qui équivaut quasiment à ce qui a été autorisé dans le même temps pour toute la métropole ! Toute proportion gardée, ce qui est réalisé en Nouvelle-Calédonie en ENR par rapport à ce qui se fait en métropole, c’est titanesque. Il y a donc un vrai intérêt, à tous les niveaux de l’État, à ce qui se passe ici. C’est pourquoi l’État souhaite inclure la question de la transition énergétique calédonienne et sa politique de nickel-vert, dans le futur accord institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Mais aussi que ce que nous réalisons chez nous, fasse partie du plan France 2030 sur la décarbonation de l’industrie.
A quoi l’État est-il prêt ?
L’État est prêt à financer notre stratégie parce que celle-ci est crédible. Elle est crédible par le fait d’avoir un plan bien cadré, et d’avoir signé un accord-cadre avec les principaux industriels de la mine et de la métallurgie, en l’occurrence la SLN et Prony Resources. Par ailleurs, le fait que nous ayons autorisé la plupart des projets destinés à intégrer les objectifs de l’accord-cadre, conduit l’État à vouloir participer à ce qui se réalise en Nouvelle-Calédonie. Dans cette perspective, j’ai demandé à ce que l’État soit représenté au sein du Comité de Pilotage de l’accord-cadre, afin qu’il puisse suivre sa mise en œuvre.
Vous avez également beaucoup insisté auprès de vos interlocuteurs sur le stockage de l’énergie…
Dans le plan, je vous le disais, il y a trois parties. Concernant la production des énergies renouvelables, véritablement nous n’avons pas besoin d’interventions particulières puisque les investissements privés, et les tarifs pratiqués suffisent. Il faut savoir que ce sont plusieurs milliards de francs injectés en Nouvelle-Calédonie et tout autant en retour de recettes fiscales. Concernant le stockage, pour ce qui est des batteries nous n’avons pas besoin des aides de l’État. En revanche pour ce qui est des STEPS, les Stations de Transfert d’Energie par Pompage, l’énormité des projets qui avoisinent les 30 milliards de francs, fait que nous avons besoin de prêts à long terme pour les financer.
Vous dressez donc un bilan positif de votre mission, mais ça n’est qu’une étape…
Il était important de conduire cette mission, ne serait-ce que pour montrer aux plus hautes autorités de l’État, l’avancement de nos projets en matière de transition énergétique. C’est également positif parce que nous partageons la même ambition d’une décarbonation de l’industrie métallurgique et minière calédonienne. Car il s’agit bien de permettre à ces industries de retrouver de la compétitivité, de se positionner sur le secteur de plus en plus demandé du nickel-vert et de participer enfin à la démarche d’alimentation du renouvelable pour améliorer les conditions environnementales de la Nouvelle-Calédonie. Avec in fine l’objectif de faire baisser la facture énergétique des Calédoniens, ce qui est notre priorité.
Et quelles sont les possibilités offertes par l’Europe ?
Nous avons obtenu, et ça n’est pas rien, que ce qui était autrefois le FED, Fonds Européen de Développement, soit entièrement fléché sur la transition énergétique, avec à la clé un financement de 3,7 milliards de francs.