Voitures électriques : transformer la mobilité
La semaine de l’éco-mobilité vient de s’achever, l’occasion entre autres de mettre l’accent sur des dispositifs et des initiatives. Ainsi très récemment, l’entreprise Autovolt a décidé de se lancer dans la commercialisation de SUV électriques. Entretien avec Pierre Krafft, son créateur.
Comment est né le projet, que certains trouveront osé, de commercialiser des véhicules 100 % électriques ?
Pierre Krafft : Autovolt est née de l’idée que l’on doit transformer la mobilité et qu’il faut amener une nouvelle énergie, en l’occurrence l’électricité. Pour apporter de la mobilité propre, il faut sortir des sentiers battus et des schémas structurés de la distribution automobile que l’on connaît. Comme aucune solution concrète n’était proposée ni à court terme ni en perspective par les concessionnaires, nous nous sommes lancés. Nous proposons une offre de produits électriques et plutôt 100 % électriques pour être 100 % propres.
L’évolution de la Nouvelle-Calédonie montre que le choix qui s’est fait il y a quelques années d’une économie propre s’est accéléré cette année. Nous bénéficions d’une multitude de sources pouvant créer de l’énergie propre, donc il nous faut profiter de cette chance que nous avons du vent, du soleil, des rivières et peut-être demain de l’énergie issue de la mer. Dans ce contexte, il va très certainement y avoir une opportunité de transformer la mobilité, dû au fait que la Nouvelle-Calédonie va produire de plus en plus d’électricité propre. Il serait donc dommage de ne pas utiliser cette énergie propre dans la mobilité.
Il se vend environ 8 000 voitures par an dont seulement 400 d’hybrides et d’électriques, et beaucoup plus d’hybrides que d’électriques. Comment comptez-vous pénétrer ce marché et accroître la part de véhicules électriques ?
P. K. : Nous nous sommes dit qu’il était bien d’avoir de fortes ambitions sur l’électrique avec Autovolt car nous croyons au véhicule électrique, mais peut-on démarrer sans modèle thermique et prendre une place sur le marché de l’automobile très structuré ? Nous avons donc étudié comment réduire les coûts de structure de concessionnaire au maximum, en optimisant à tous les niveaux. Ensuite, en utilisant les moyens de communication digitaux modernes et économiques pour capter la clientèle et être plus proche d’elle.
L’important était également de trouver une marque automobile disposant d’une composante et d’une production électriques reconnues et un savoir-faire dans le thermique, puisqu’en effet le moteur thermique ne s’arrêtera pas du jour au lendemain au profit de l’électrique. Nous avons choisi MG, une marque qui propose des véhicules thermiques notamment dans le SUV, seul secteur automobile en croissance, et des voitures 100 % électriques qui répondent aux standards européens les plus exigeants en termes de qualité et de sécurité.
Vous partez de zéro, dites-vous. Mais peut-être même de moins que zéro. Vous importez des véhicules électriques alors que la Nouvelle-Calédonie n’est pas équipée en bornes de rechargement. Comment faire ?
P. K. : Concernant le véhicule électrique, nous sommes persuadés qu’il faut démystifier, simplifier et apporter des réponses au consommateur. Nous avons fait tester nos véhicules, nous avons participé au salon du 4×4, et nous avons eu des remontées d’information qui confirment qu’il y a une vraie sensibilité aux énergies propres, mais qu’il y a des freins psychologiques. Parmi ces freins, il y a la crainte de tomber en panne d’énergie. Alors, chaque véhicule est équipé d’une prise qui permet de le recharger en se branchant sur une prise électrique standard et est fourni avec un boîtier dit « wall box », un dispositif permettant de recharger la voiture plus vite, mais toujours sur le réseau électrique général du particulier ou de l’entreprise. En moyenne, en Nouvelle-Calédonie, on roule15 000 kilomètres par an, soit 40 kilomètres par jour. Notre voiture électrique a une autonomie de 240 kilomètres, soit 6 jours de circulation sans recharge.
Et nous sommes en train de recenser le nombre de bornes électriques existantes, qu’Enercal a déjà installées. Les collectivités, de plus en plus intéressées par les véhicules électriques, vont investir dans des bornes pour leur usage et celui du public. La mobilité électrique longue distance sera réaliste dans très peu de temps. En attendant, en partenariat avec Hertz et Point Rouge, nous proposons un contrat de mobilité qui prévoit, pendant trois ans au possesseur d’un véhicule électrique d’Autovolt, le prêt d’un véhicule notamment thermique pour aller dans les endroits où il ne pourra pas recharger.
Vous êtes un opérateur privé, vous ne bénéficiez pas d’aides ou de subventions, mais comment vous inscrivez-vous dans la politique de transition énergétique ?
P. K. : En tant qu’opérateur privé, notre réflexion vise à savoir comment nous répondrons au mieux aux schémas qui seront définis en termes de transition énergétique. C’est la raison pour laquelle nous sommes proches des institutions et de l’Agence Calédonienne de l’Énergie. Malgré les risques que nous prenons, car nous sommes les seuls à proposer autant de véhicules, l’idée est de s’inscrire dans le Schéma de transition énergétique.
Nous sommes impliqués dans l’environnement propre, à ce titre nous proposons à ceux qui sont intéressés par un véhicule électrique de réaliser un bilan énergétique à leur domicile.