La province des Îles mise sur le développement durable
Il se passe quelque chose en province des Îles. Un grand nombre de projets sortent de terre, en particulier en termes d’énergies renouvelables. Lifou en effet est un modèle du genre, mais à Maré et Ouvéa des systèmes sont également à l’étude. Dans ce contexte, l’Agence Calédonienne de l’Énergie s’est rendue à Lifou, il y a quelques jours, pour rencontrer les responsables de la province et des trois communes.
Au terme d’une cérémonie coutumière au cours de laquelle Alain Pidjot, le directeur-adjoint, a présenté un geste au nom de l’ACE, une réunion de travail a rassemblé les responsables de l’Agence, mais aussi et surtout Jacques Lalié, président de la province des Loyauté, et les représentants des trois communes d’Ouvéa, Lifou et Maré, dont la mairesse Marilyne Sinéwami. Cette réunion, qui aura duré toute la matinée, a permis à l’ACE de présenter ses missions et son fonctionnement, une présentation détaillée dont se sont félicités les participants à cette rencontre.
Des besoins importants
La province des Îles présente une spécificité majeure dans l’ensemble océanien, celle d’avoir misé sur les EnR. Dans quelques mois, Lifou sera entièrement alimentée en électricité par de l’éolien, du photovoltaïque ou des moteurs thermiques fonctionnant à l’huile alimentaire recyclée et de coprah. Sur ce point, une vaste réflexion est conduite par la province et sa cellule sur l’innovation, au sujet de la relance de la filière coco en particulier sur Ouvéa. Mais c’est l’ensemble de la province et de ses trois communes qui estime que c’est sur le développement des énergies renouvelables qu’il faut agir. D’ailleurs, la province des Îles a acté le recrutement, avec la Secal, d’un CEP, conseiller à l’énergie partagé.
Les représentants des trois mairies se sont particulièrement intéressés aux aides, à la fois techniques et financières, que peut leur apporter l’ACE, à mettre en œuvre leurs projets, comme l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de leurs bâtiments administratifs. Lifou, Maré et Ouvéa sont aujourd’hui sollicitées par le secteur privé pour l’installation sur leur foncier de fermes photovoltaïques. Dans cette optique, elles ont requis dans leurs choix futurs l’expertise de l’Agence Calédonienne de l’Énergie. Sur ce point, André Boudart, le directeur de l’ACE, a insisté auprès des représentants des trois mairies, sur la nécessité de promouvoir des projets photovoltaïques qui créent des emplois et du développement et ne se contentent pas de produire de l’électricité.
Un président engagé
Jacques Lalié, élu à la présidence en juin 2019, suit ce développement des énergies avec attention et mobilise les directions et services de la province en ce sens. « En partenariat avec les communes, nous dit Jacques Lalié, nous voulons développer le solaire et l’éolien à fond. Sur Ouvéa, nous devons renforcer la fourniture à Enercal d’huile de coprah. Nous allons donc investir dans les structures et les outils pour les rénover, les rendre plus productifs et plus efficaces et les rentabiliser. Nous avions également le projet d’aller chercher de l’énergie sous la mer, avec des technologies marines innovantes, mais les budgets sont trop importants. De plus, c’est une nouvelle technique, nous préférons donc développer le solaire, l’éolien et la production des cocoteraies. »
Ce travail se fait en concertation avec les autorités coutumières, puisque le foncier de la province est entièrement classé en terres coutumières. Mais Jacques Lalié veut aller plus loin dans l’investissement en organisant le développement durable de la province autour d’une société provinciale, seule susceptible selon lui, de faire profiter les populations des retombées économiques de ce développement. « Notre volonté est de créer dans ce secteur une véritable économie circulaire, explique le président de la province des Îles. Nous devons donc pouvoir investir en termes d’exploitation pour permettre à nos clans de profiter des retombées de l’exploitation. Et ce développement pourrait être porté par la SODIL, et je regarde actuellement si nous ne pouvons pas créer une société en charge de cela. »
*SODIL : Société de Développement et d’Investissement des Îles