Visite de la centrale EEC Waihmenë : l’autonomie énergétique devient une réalité à Lifou
La centrale EEC Waihmenë est pilotée par un système informatique de haute technologie.
En termes de production électrique, Lifou est exemplaire. Il s’agit en effet de la toute première île du Pacifique qui deviendra entièrement autonome en matière de distribution d’énergie électrique. Pour comprendre les enjeux, une visite à la centrale EEC de Waihmenë s’impose.
Lifou est une terre d’expérimentation et fait désormais figure de modèle. En 2017, dans le cadre du Schéma pour la Transition Énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC) est lancé le projet « Lifou, 100 % énergies renouvelables ». Une ambition portée par la province des Îles, la commune, les autorités coutumières, le gouvernement et les opérateurs que sont l’ACE et le groupe Engie au travers de ses filiales EEC, Alizés Énergie et Socometra Engie. Comme son intitulé l’indique, le projet vise à faire que Lifou et ses habitants ne soient plus alimentés en électricité que par du photovoltaïque, de l’éolien ou des groupes électrogènes alimentés par du biocarburant. Un gros travail a été fait ces deux dernières années, et aujourd’hui, nous en sommes tout proche.
100 % l’an prochain
Le programme a pris quelques semaines de retard en raison du coronavirus, mais en 2021, la centrale de Waihmenë, installée à Wé, fonctionnera à 90 % avec du photovoltaïque et de l’éolien (deux nouvelles éoliennes doivent être installées) et à 10 % par les moteurs thermiques alimentés par du biocombustible. Pour l’heure, 6 des 7 groupes électrogènes fonctionnent au gasoil, mais dans les prochains mois, ils ne seront plus alimentés que par du biocarburant. Sur ce point, Alizés Energie collecte chaque année 120 000 litres d’huile usagée auprès des restaurants ou des cantines, huile traitée pour être employée dans les moteurs de la centrale. Parallèlement, la centrale utilise de l’huile de coco en provenance du Vanuatu.
Dans ce contexte, et dans les projets de la province des Îles figure la relance de la filière coprah, notamment au travers du renouvèlement des cocoteraies vieillissantes d’Ouvéa. En pointe le soir, la production de la centrale est de 2,2 MW et elle s’établit en moyenne par jour entre 1,4 et 1,6 MW. La centrale de Wé est en capacité de fournir deux fois et demie la consommation totale du réseau, ce qui lui permet d’absorber toute demande supplémentaire, en particulier celle venant d’acteurs et d’activités économiques qui souhaiteraient s’installer à Lifou.
Le stockage
L’atout maître de la centrale est sa grande capacité de stockage. Dans les heures de consommation réduite, à savoir notamment la nuit, c’est à l’électricité stockée que l’on fait appel et qui est injectée dans le réseau pour l’alimenter. Cette énergie de réserve est donc stockée dans des batteries installées dans d’énormes containers, et elle est pilotée par un système de gestion informatique de haute technologie.
Lorsque la centrale sera totalement opérationnelle et que tous les parcs solaires auront été installés, les économies seront conséquentes puisqu’elles éviteront la consommation de 3 millions de litres de gasoil par an et le rejet de 8 000 tonnes de CO2. C’est en cela que Lifou fait figure de modèle dans le Pacifique et au-delà en termes de production et de consommation d’énergies renouvelables.