Vision d’avenir : la voiture électrique
Laurent Jeandot, président de l’association professionnelle des concessionnaires automobiles.
Depuis au moins dix ans, constructeurs ou entreprises de haute technologie travaillent à la réalisation d’une voiture électrique susceptible de remplacer les voitures à moteur thermique. Si la plupart des marques se sont mises à l’hybride ou au 100 % électrique, on en est encore qu’au début.
2012 est l’année des premières importations en Nouvelle-Calédonie de véhicules hybrides ou électriques et une petite dizaine de modèles trouve preneur. En 2019, 400 de ces voitures ont été vendues. « La courbe monte fort, remarque Laurent Jeandot, président de l’association professionnelle des concessionnaires automobiles, mais ça reste des petits volumes au regard du marché global qui était de 8 000 voitures neuves vendues l’année dernière. Cela représente 5 % du marché total, mais ça regroupe les hybrides et les électriques, et l’hybride représente 90 % de ces 400 voitures vendues. » Il est vrai qu’en Nouvelle-Calédonie le rapport à la voiture est si particulier que le recours à l’hybride ou à l’électrique est loin d’être entré dans les mœurs.
Des progrès technologiques
Même si la voiture électrique n’en est qu’à ses débuts, des progrès ont été faits, ne serait-ce qu’en termes de performance. « Les constructeurs sortent de nouveaux modèles avec des performances de plus en plus grandes, explique Laurent Jeandot. Je pense que dans les 5 ans à venir, beaucoup d’améliorations auront été portées sur ces voitures. Il est en effet pratiquement acté que le moteur thermique doit mourir, son heure est presque venue, d’ailleurs l’Union européenne a pris des mesures en ce sens. » Les dernières générations d’hybrides sont équipées d’un moteur thermique et d’un moteur électrique autonomie suffisante pour effectuer 70 kilomètres, c’est donc vertueux lorsque l’on roule en ville. Et pour ce qui est de l’électrique, l’autonomie a été considérablement améliorée, ainsi le Kia Niro selon ses motorisations fonctionne sans recharger sur 200 et 400 kilomètres.
Les moteurs se rechargent depuis une simple prise électrique dans son garage et il y a de plus en plus de bornes électriques. Ce qui explique que désormais toutes les marques produisent des modèles hybrides et/ou électriques, y compris les marques plus sportives comme Porsche ou Jaguar. Même le sport mécanique s’y est mis, avec la formule E, des courses de monoplaces électriques devenues la vitrine des recherches technologiques. Et les constructeurs automobiles ne sont pas les seuls à travailler à des solutions nouvelles et pérennes, de grands groupes comme Tesla ou Google sont également sur les rangs, car le marché laisse de grandes perspectives. « Pour beaucoup la voiture électrique est l’avenir, explique Laurent Jeandot. Il est vrai que la Chine a tout misé sur l’électrique, on peut donc penser qu’ils savent ce qu’ils font. Mais il faut aussi entendre les détracteurs qui soulignent que ces moteurs sont réalisés avec des matières premières chères à extraire. Mon sentiment est que si la voiture électrique est l’avenir, ça ne se fera pas avec les batteries actuelles et que la recherche va développer des batteries moins gourmandes en matières premières. »
Le frein au développement
En France, les ventes de voitures électriques ne représentent que 4 % du marché de l’automobile. En Nouvelle-Calédonie comme partout dans le monde, le principal frein au développement du marché de la voiture électrique, c’est le prix d’achat, et ce malgré les nombreux dispositifs d’aides. « En France, explique Laurent Jeandot, si vous changez votre voiture thermique par une hybride vous bénéficiez d’aides jusqu’à 10 000 euros, soit l’équivalent de 1,2 million CFP. Et en Nouvelle-Calédonie, ces voitures ne sont quasiment pas taxées puisque l’on y applique une TGC à 3 % contre 22 % pour une voiture dite normale. »
Dans ces conditions, même si les concessionnaires ou importateurs de véhicules électriques restent très attentifs à l’évolution du marché, il faut peut-être envisager de nouvelles solutions. « La Nouvelle-Calédonie, explique Laurent Jeandot, pourrait exonérer les voitures électriques de droit de douane, ce qui ferait gagner 15 % sur les prix d’arrivée du véhicule. Évidemment, cela engendrerait moins de rentrées fiscales. Il y a donc des choix à faire. Et je ne sais pas si l’on peut faire des choix écologiques dans de bonnes conditions, lorsque les budgets sont difficiles à équilibrer. »